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FOURMIES en AVESNOIS, suite par Claude Lompret.
2 décembre 2018

HAUDROY, (02) le 8 novembre 1918

Claude Lompret, a retrouvé deux extraits de l’historique du 19e Bataillon de Chasseurs à pied.

C’est demain dimanche 8 novembre 1925 à 13h30 que M. le Général Debeney, chef d’Etat-major de l’armée, délégué de M. le Ministre de la guerre inaugurera le monument élevé à Haudroy à l’endroit même où les parlementaires allemands se présentèrent dans nos lignes pour demander l’armistice. On ne lira pas sans émotion la relation suivante extraite du Journal du 19e Bataillon de Chasseurs : Extrait du journal du 19e Bataillon de Chasseurs à pied ‘’De la Lumière’’ n° 17 du 6 décembre 1918 ‘’CESSEZ LE FEU ! ‘’« Haudroy, 8 novembre 1918, 21h. Brusquement, le chasseur de garde ouvrit la porte «  Mon Capitaine, c’est le ‘’cessez le feu’’ dans le secteur du 171e. » Bien, dit le Capitaine Chaillot, faites sonner le refrain du Bataillon et répéter ‘’cessez le feu’’ et que le clairon nous donne ça, à la chasseur, n’est-ce pas ? Le clairon ! Où est le clairon ?Quelques secondes s’écoulèrent. Au dehors, une voix répéta l’ordre… et donne-nous çà, à la chasseur, hein. Mais le clairon ému ou mal réveillé poussa une série de couacs péniblement égrenés, où se fondait le refrain méconnaissable tandis qu’une mitrailleuse boche, tapis derrière les haies, jetait sans arrêt son tac tac insolent. Les nôtres devaient ne point tirer de 18 à 4 heures, et observaient la consigne. Tac. Tac, tac… tac… tac …tac… C’étaient comme une raillerie effrontée à quoi répondait l’autre clairon lointain chantant vers La Capelle. La porte s’ouvrit de nouveau. « Une auto, mon Capitaine ! On en distingue les phares. » Alors, plus proche, sec, alerte, nerveux comme le pas de chasseur, éclata l’émouvant refrain. Ah ! Le bon coup de langue, cette fois ! Mi mi, mi mi, mi mi, mi mi, sol mi do, sol mi do. Sûrement c’est Roux ! dit quelqu’un. Pressante, insistante, la sonnerie roulait vers nous. Certainement, elle partait de l’auto. Tous les convives de la ‘’popote’’ se sont levés de table et attendent sur le perron, à travers la grille de l’avant cour, la route apparaît inondée, boueuse, violemment éclairée par les phares. Nous y descendons pataugeant. Les voilà ! Les voilà Halte ! Halte ! Attention, la route est barrée, il y a un entonnoir : Et les autos (elles sont trois) stoppent trépidantes. Maigre, pâle, lassé un officier allemand, en casquette, quitte sa berline. Près de lui, un Commandant de chasseurs français, de l’Etat-major de l’armée sans doute, gros homme robuste. Qu’y a-t-il ? Un entonnoir, ils ont fait sauter la route. On saisit de brefs dialogues français allemands… Affairé, est descendu de voiture un de nos lieutenants, petit, rougeaud, barbes en broussailles, agitant un vaste drapeau blanc…Tac, tac, tac, continue l’enragée mitrailleuse. La silhouette du courrier ennemi se détache nette dans la lumière. De fortes explosions secouent les prochains villages, et l’horizon rougeoie d’un immense incendie. J’entends : Mais, les allemands tirent toujours, mon Commandant ! Tac, tac, tac, réplique la mitrailleuse, tac, tac,… Mi mi, mi mi, mi mi, mi mi, sol mi do, sol mi do, proteste le clairon. Ils n’entendent donc pas les sonneries, grogne le courrier. Déjà, au-delà du trou énorme, De Kérarmel balance le drapeau blanc sur la route qui monte dans l’ombre vers l’ennemi. Les autos pourront-elles passer. Des Chasseurs, la capote trempée, raide et alourdie de plaques de boue, vont et viennent curieux sous les phares éblouissants. Une femme ouvre la fenêtre d’une maison voisine. A ce moment un brancard, recouvert d’une toile de tente, traverse la chaussée. Un mort, dit une voix. Taisez-vous ! Pas besoin de parler de çà devant le boche ! Bah ! Ils savent bien que nous avons des pertes. Cahotant, titubant dans la glaise acre et gluante, projetée par l’explosion de la mine, les autos contournent lentement l’entonnoir. En face, sur la haie encore verte, des bouquets de feuilles jaunies, l’éclairent crument une minute. Vers Fourmies, le ciel est toujours rouge. Les voitures sont passées et vont, craintives, trouant la nuit où les balles sifflent : on ne voit plus que leurs dos, carrés, noirs, peu à peu diminuant dans la clarté vive. Que cachent ces voitures ? Quel secret porte cet homme, cet ennemi ? Nous l’ignorons, nous les petits. Mais Foch sait, il veille comme nous veillons. Tac, tac, tac, tac, tac. Elle tape, obstinée, aveugle et sourde la mitrailleuse. Sol mi do… sol mi do… Et tandis que nous parvient affaibli, l’appel inlassable du clairon, l’espérance, dans les affreuses ténèbres où ne sourit aucune étoile, court de porte en porte, visite les trous et les caves, se glisse le long des haies et chuchote : Serait-ce la Paix ? Cessez le feu ! Cessez le feu ! »

                        N.B. – Dans la nuit du 8 novembre, le courrier des parlementaires allemands, venant du train spécial de Foch, essaya vainement de traverser les lignes pour gagner le quartier général d’Hindenburg. Les voitures durent rebrousser chemin, à cause du feu des mitrailleuses allemandes. On conjecture que quelques mitrailleuses isolées n’avaient point été avertis. C’est de cette première tentative de retour qu’il est ici question. La scène s’est passée devant la maison du notaire d’Haudroy.

Extrait de l’Historique du 19e bataillon de Chasseurs à pied «  Les Chasseurs de Grivesnes’’, page 136 : Au matin du 8 novembre (après 6 heures) la marche en avant reprend, bientôt tout le front ennemi s’allume du feu de ses mitrailleuses, et il réagit par son artillerie. A 7 heures, la sortie Nord-Est de La Capelle, vers la cote 232 est violemment bombardée. A droite, le bataillon Lhuillier ne pourra, de la journée, dépasser les bois à l’Est de La Capelle. A gauche, le groupement Chaillot marche sur Haudroy. A l’entrée d’Haudroy, Chaillot, avec sa liaison, accompagné du médecin et de ses infirmiers, se trouve brusquement en présence d’un groupe ennemi très supérieur en nombre. Il n’y a qu’un moyen de s’en tirer : payer d’audace. Instantanément, furieusement Chaillot et tout son groupe chargent ; le docteur lui-même, le fougueux Chioselli, un fusil en main, fait des prodiges ; l’ennemi décontenancé recule. Les cavaliers de l’avant-garde enlèvent un poste de sept hommes commandés par un sous-officier. D’autres prisonniers sont faits en d’autres points (en tout trois officiers et une soixantaine d’hommes). Haudroy est assez rapidement à nous, mais la réaction de l’ennemi s’accentue et nous ne pouvons dépasser sensiblement le village. C’est à Haudroy, le 8 novembre, que le 19e Chasseurs a ses dernières victimes de la guerre ; le lieutenant Moulin, commandant la 5e compagnie, le fourrier Reiffesteck, les chasseurs Gautard, Leblond, Uberquoi de la 5e compagnie, le chasseur Willay, de la 1ere compagnie, tués ou blessés mortellement. »

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